7 février 2014

Tendances des solutions Source to Pay

Par Patrick Chabannes

Les nouvelles technologies sont une source d’opportunités mais également un défi lancé aux organisations des entreprises tout comme aux éditeurs historiques. Sauront-ils étendre leur univers fonctionnel à mesure que les directions des achats déploient leur savoir-être, avec comme maîtres-mots le management des ressources externes ?

Paru dans la Lettre des Achats 224, Février 2014

Le regard curieux et bienveillant posé sur nos éditeurs de logiciel, je ne peux m’empêcher de me demander lesquels seront encore présents et surtout innovants après 2020. Des trois grands marchés composant le Source to Pay (S2P), il conviendrait de considérer d’une part le Procure to Pay (P2P), outils de processus et de flux, et d’autre part le Source to Contract (S2C), proposant les outils vitaux à une direction achats. Les spécialistes de ces marchés, les best-of-breed, mi-éditeurs, mi-sociétés de conseil, surent bousculer les places de marché et les ERP d’un bout à l’autre de la chaine de valeur. Aujourd’hui les éditeurs survivants ont conservé le vocabulaire des achats ou de la finance, mais la compétence métier est retournée aux professionnels et l’innovation ergonomique et fonctionnelle est restée au point mort ces dix dernières années.

A en croire dirigeants et actionnaires des grands éditeurs, un monde interconnecté aux processus optimisés (streamline source to pay processes) s’ouvrirait à nous. Et chacun des éditeurs de fourbir ses armes, leurs nouvelles solutions fondées sur des réseaux fournisseurs (souvent trop fermés) promettant des lendemains aux revenus de rente formidables et aux économies de processus potentiellement extraordinaires. Facebook™ des achats ou Amazon™ du B2B…l’avenir est certain, il suffit aux éditeurs de s’en emparer et aux directions des achats de le mettre en œuvre. C’est oublier que, dans un monde de chiffres, la performance de ces solutions sera mesurée à l’aune de ceux de la finance.

L’offre P2P, est le second souffle des éditeurs d’eProcurement qui, limités par la complexité des achats indirects, tentent de conquérir le marché du eInvoicing et ses volumes dix fois supérieurs. Mais qu’ils oublient de développer les fonctionnalités propres à assurer le déploiement des achats indirects et de nouveaux-venus proposeront des solutions verticales métiers, intégrables aux grandes solutions P2P sur les domaines tels que marketing, énergie, ou prestations de services. La bataille des réseaux fournisseurs verra apparaître des réseaux ouverts et indépendants des applications métiers. 

Le déploiement des processus P2P emmène la performance achats vers le territoire des chiffres purs. Encore un pas, et ce métier, relationnel avant tout, sera capturé par la froideur des données financières. De plus malgré des efforts, les processus de gestion de la relation des fournisseurs et les logiciels pouvant les supporter restent au stade embryonnaire. Pendant ce temps, des visionnaires veulent changer la dénomination de la fonction et redéfinir les clés de leur performance sous la forme d’un SRPM, Supplier Relation & Performance Management, mêlant intimement la Performance Fournisseur à la Performance Achat avec des indices tant économiques que qualitatifs. C’est à ce prix que l’innovation, fruit de l’intelligence relationnelle de ces hommes, sera la base de la performance des entreprises.

L’offre S2C est, elle-aussi bousculée, menacée par une fragmentation du marché des éditeurs. L’absence d’innovation ergonomique et fonctionnelle de ces dernières années ouvre la porte à des spécialistes capables de proposer une solution apportant aux acheteurs professionnels un gain de temps dans le traitement de leurs dossiers. Des éditeurs couvrant des besoins sur des familles spécifiques et complexes, ou encore en matière d’analyse des dépenses frappent déjà aux portes. Les directions achats ne pourront pas ignorer la pertinence de leurs demandes.

Vœux pour 2014 : que les directions achats, fassent preuve de pragmatisme et sachent challenger leurs partenaires pour ne point tomber dans les mêmes travers que les projets CRM marqués par un taux d’échec à 20 ans de 40 à 70% *.

* Source Forrester (et bien d’autres Butler, AMR, Gartner)

Par Patrick Chabannes
“À une époque de supercherie universelle, dire la vérité est un acte révolutionnaire.” G Orwell in 1984.