Esker, la longue route vers le Source to Pay
Un an après, quels sont les impacts de l’acquisition de MarketDojo par ESKER, le géant de l’Invoice to Pay et de l’Order to Cash ? Quels sont les principes de cette collaboration ? Conversation avec Emmanuel Olivier, WW COO de l’éditeur lyonnais.
Patrick : Dans quel esprit Esker inscrit-elle sa croissance ?
Emmanuel Olivier : développe une vision du bien commun, la croissance à somme positive. Nous pensons que la croissance économique ne peut se faire aux dépens des tiers depuis nos collaborateurs, nos clients, les fournisseurs de nos clients et même la planète.
Notre Plateforme participe de cette vision, de cette culture oserais-je dire. Lorsque nous avons acquis 51% des parts de MarketDojo, il était clair, et vous l’avez relayé dans votre article de janvier 2022, que nous avions défini quatre années de transition pendant lesquelles les deux sociétés continueraient d’opérer sous leur marque tout en proposant l’offre de l’autre sur ses territoires pour s’assurer de créer de la croissance à somme positive justement. Et si vous voulez bien prendre cinq minutes, écoutons cette vidéo introductive.
Patrick : Quelles sont vos axes de croissances en termes de solutions et de marchés pour la marque ESKER ?
Emmanuel : En termes de solution nous privilégions une Roadmap conduite avec nos clients et notre vision de collaboration des différentes parties prenantes. Nous continuons, par exemple, à développer la partie eProcurement avec des évolutions au sein des catalogues, de la recherche, de la gestion des demandes d’achats.
Mais le moteur de la croissance et de nos investissements reste le eInvoicing avec son environnement règlementaire chaque jour plus complexe et obligatoire de part le monde.
Lorsque nous déployons la eFacturation à l’international, je pense à un client en particulier avec 55 pays concernés, nous devons prendre en compte la double complexité suivante: le bref intervalle entre la publication des règles et le délai de mise en œuvre et parfois, comme dans le cas de l’Espagne, l’empilement de ces règles entre l’État et les Provinces ou, comme au Brésil ou l’Inde, entre l’État Fédéral et les États ou provinces. Tout ceci représente des investissements importants en termes de ressources, de compétences et d’expérience utilisateurs.
Nous développons le module Supply Chain Finance avec des partenaires car il correspond à nos valeurs de croissance à somme positive.
La Supply Chain Finance n’a-t-elle pas permis à notre client les Chantiers de l’Atlantique de permettre à leurs fournisseurs de financer leur dette client pour leur permettre de passer le temps de crise. C’est très important pour nous.
Patrick : Dans ce contexte et cette vision, comment se déroule l’intégration de Market Dojo, cette excellente solution Source to Contrat onDemand ?
Emmanuel : Comme dit précédemment nous avons choisi de conserver les deux marques et d’intégrer de manière progressive MarketDojo tant pour les équipes que pour les solutions. Il faut vous rappeler que Market Dojo est une solution OnDemand, disponible partout dans le monde, sans effort d’implémentation. Son équipe est donc réduite, 27 personnes au Royaume Uni à comparer avec nos 1 000 collaborateurs.
En Juin, nous avons commencé une intégration de nos systèmes de comptabilité et finances. En parallèle nous avons développé une coordination commerciale qui nous a ouvert le marché américain avec de nombreuses affaires signées outre-Atlantique, un territoire fort d’opportunité pour la marque ESKER. Et nous avons été surpris de voir l’augmentation d’une demande client en Asie. C’est une ouverture passionnante que nous observons avec attention.
Pour ce qui est de l’intégration entre les plateformes ESKER et MarketDojo, nous avons choisi de développer des scénarios métier, des processus métier reliant le Source to Contract au Procure to Pay.
En procédant de cette manière douce, nous ne pesons pas sur les épaules de la petite équipe de Market Dojo en veillant à lui conserver sa dynamique commerciale et produit au sein d’une vision élargie. Il ne faut pas oublier que les opportunités se sont fait plus nombreuses depuis que ScanMarket, le compétiteur naturel de Market Dojo sur le marché S2C OnDemand, a été absorbé par UNIT4.
Patrick : Si je peux me permettre d’être désagréable, j’entends le développement progressif du P2P Esker et de l’intégration avec Market Dojo. Mais, votre Roadmap me semble manquer d’agressivité sur un marché demandeur de solution Procure to Pay, Supplier Relationship Management, Réseaux Fournisseurs…
Emmanuel : Nous bénéficions d’une forte croissance sur le segment Invoice to Pay et Order to Cash. Et il est vrai que notre position nous amène sur des dossiers conduits par la Finance ou la Comptabilité. Le développement de notre partie Procure (eProcurement) n’est bien sûr jamais assez rapide mais suffit aux yeux de nos clients pour les accompagner depuis le eInvoicing vers le Procure to Pay puis le Source to Pay.
Comprenez que les grands noms du Procure to Pay sont très loin de l’expérience utilisateur que nous propons et de la profondeur fonctionnelle sur la partie eInvoicing. C’est un constat, je suis certain, partagé par Basware ou ITSoft, nos aimables compétiteurs.
Vous avez raison de poser la question du Supplier Network. C’est sujet important qui est dans nos cartons de la R&D depuis un moment et sur lequel nous devons nous pencher plus avant tant il peut apporter à toutes les parties à commencer par les milliers de Fournisseurs utilisateurs de ESKER.
Patrick : Une dernière question ou plutôt un constat. Votre vision Source to Pay ne peut-elle amener les différents éditeurs spécialisés sur le Source to Contrat et eProcurement, compte tenu des complexités règlementaires dont nous avons parlé, à se tourner vers un partenaire eInvoicing ? Ne craigniez-vous pas que ces éditeurs ne choisissent un de vos compétiteurs augmentant ainsi la compétition ?
Emmanuel : Notre vision, partagée avec les grands analystes, est d’offrir une expérience End to End Source to Pay pour permettre aux organisations d’être plus efficaces, aux collaborateurs de se concentrer sur les tâches à valeurs ajoutées et à étendre la digitalisation aux Fournisseurs. Vous n’avez pas été sans remarquer que le Gartner nous a nommé Visionary pour la deuxième année de rang.
Il est vrai que nous n’avons pas d’accord avec les éditeurs dont vous parlez. Mais nous restons ouverts à des discussions car des collaborations sont toujours envisageables.
Merci Emmanuel
Lectori salutem, Patrick